L’idée de Ciel unique est lancée par la Commission européenne en 1999. Le ciel serait trop fragmenté, les routes aériennes pas assez droites et le coût du contrôle aérien trop élevé. La Commission, sous la pression des compagnies aériennes, avance des idées simplistes, ignorant la complexité des systèmes de contrôle aérien et la question principale de la sécurité. Seule compte la réduction drastique des coûts.
Il s’agit en réalité de libéraliser le secteur du contrôle aérien comme cela a déjà été fait dans d’autres secteurs (Poste, télécommunication…), de livrer de façon dogmatique ces activités aux lois du marché et de se débarrasser de toute notion de service public.
De nombreuses luttes ont été menées depuis 1999 par la CGT et l’ETF (fédération européenne des travailleurs des transports) pour contrecarrer cette politique véhiculée sous le joli vocable de Ciel unique. Ces luttes ont pour l’instant permis de maintenir en France la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) unie dans la Fonction publique de l’Etat, de préserver le service public, les statuts et les conditions sociales des agents de l’aviation civile.
Mais la Commission ne désarme pas. En 2013, elle lance le 3ème Ciel unique 2+ (SES2+). Les nouveaux objectifs de performances et les externalisations exigés sont tels que de nombreux Etats s’y opposent. De plus, l’organisation de la DGAC est directement visée. La Commission n’accepte pas que le prestataire de contrôle aérien français et l’autorité de surveillance soient intégrés dans une direction commune de la Fonction publique. Le commissaire aux transports demande son démantèlement. En juin 2013, le ministre des transports français, suivi par son homologue allemand, demande très clairement à la Commission de revenir sur son projet, le qualifiant de « ni utile, ni souhaitable ». La mise en œuvre de ces exigences asphyxierait la DGAC, l’obligerait à réduire de façon drastique les standards sociaux et les investissements essentiels pour l’avenir du contrôle aérien.
La CGT et ETF ont organisé une journée de grève le 12 juin 2013 ainsi qu’une manifestation devant le Parlement de Bruxelles le 14 octobre 2013 contre ce projet de Ciel unique 2+. Des salariés des différents pays concernés se sont mobilisés. Les mouvements ont été des succès, les enjeux importants sont compris par les personnels.
Le processus législatif européen se poursuit. Le parlement européen est dorénavant saisi du dossier. Très à droite et ignorant les interventions des personnels, il tente de renforcer encore le caractère ultralibéral du texte au travers d’une série d’amendements. Le ministre des transports français a de nouveau réagi signant un courrier avec ses homologues espagnol et italien cette fois pour exprimer avec force l’opposition de ces gouvernements à cette politique néfaste.
Une nouvelle journée d’action européenne est lancée pour le 30 janvier sous l’égide d’ETF. La CGT rejette toute idée d’externalisation et de privatisation du contrôle aérien. La sécurité du trafic aérien, sa régularité, les considérations environnementales et les conditions sociales des personnels sont les éléments qui doivent être priorisés. La sécurité aérienne ne fait pas bon ménage avec les recherches de profit et les cadeaux aux actionnaires de tout bord toujours à l’affut. La CGT sera à la pointe d’autres mouvements si la Commission et le Parlement européens persistent dans leur politique visant à soumettre le secteur de l’aviation civile aux seules lois du marché.